Adopter des vignes

L’amour de la terre et de nos racines est probablement ancré très en profondeur dans nos gênes tant il irradie nos comportements et nos rêves. Je suis arrivé à la conviction qu’il pouvait aussi être un vrai vecteur de bonheur, grâce à l’expérience, comme bien d’autres avant moi, du sentiment de fierté et de joie d’un dur labeur réalisé au contact de la nature nourricière. Ainsi est née la Cépée, un bouquet de dix pieds de vigne, que l’on peut de la même manière « mettre en pension » auprès d’un vigneron qui s’occupera pour nous de les élever, et de nous en présenter ensuite les fruits. L’aventure démarre et chacun peut ainsi, au cœur des villes et des soucis du monde, s’évader par l’imagination et par internet auprès de ses plants de vigne, en se sentant co-acteur de la magie extraordinaire et naturelle de la fructification viticole et œnologique. J’ai compris assez vite que l’idée répondait bien aux attentes d’une société en manque de racines et de références, quand par exemple une grand-mère m’a demandé d’acheter une Cépée pour chacun de ses petits enfants pour leur offrir un lien d’attachement à la terre, ou encore lorsqu’au cours d’une réunion conviviale des vignerons-propriétaires de Cépées à Paris, l’un d’eux, apprenant les distinctions reçues par le domaine de La Bastide au concours général agricole, me lance un magnifique : « Alors ? ON a gagné deux médailles au salon de l’agriculture ? », s’attribuant ainsi très naturellement la coresponsabilité de ces réussites… J’ai bien sûr acquiescé, en m’en réjouissant intérieurement.